Comme un billet de train non poinçonné

- réflexion du bord de route -

Je suis parti vierge à bord du transsibérien. La tête à l'abri des guides touristiques et des livres photographiant les paysages qu'il faut avoir vu ; paysages que je vais traverser, ignorer dans mes nuits et seulement peut être apercevoir par la fenêtre du wagon le long de mes jours de train. Je parts avec la prétention d'être une feuille blanche sur laquelle le voyage écrira les pages d'un roman ou d'une romance romanesque plutôt qu'un simple empilement anecdotique de bribes de vie.

Malheureusement on ne part jamais vierge et moi comme tant d'autre je suis lourd du sens commun des cours d'histoire où l'on a dissolu la grandeur d'un empire russe dans un communisme éclaté en myriade de républiques neuves, je pars avec les images d'un folklore non conscient qui constellent la Russie de Moscou au Lac Baïkal, des poupée russe aux prostituée des pays de l'Est, passant du caviars à la Vodka, des ours et à l'armée rouge, toutes ces images de reportages télé qui affublent la russie d'un fatras incohérent qui biaise le réel.

Alors si je pouvoir avoir espoir plutôt qu'une qu'une prétention ça serai l'espoir que ce voyage me décalamine l'âme suffisamment pour me la mettre à nue en espérant qu'au prochain passage de la frontière Russe j'aurai l'âme assez dépouillée des pollutions occidentales pour m'en trouver changé. Peut être qu'alors je serai celui capable d'écrire des romances de 9000 km. Je crois à la force du quotidien pour épurer ma vision, je crois en l'usure des corps par l'exercice de la ville, je crois dans le banal, la répétition des gestes journaliers, dormir, manger, se mouvoir dans la peau d'un hôte, d'un autre, se prendre pour l'ailleurs à en perdre l'emphase, je ne parle pas du merveilleux mais de cet emphase qui donne au voyageur l'impression de déflorer le pays comme un pionnier ou un explorateur.

Je ne suis qu'un modeste voyageur empruntant des chemins de fer qui on connu et connaîtront plus d'histoire que je ne pourrais jamais en penser, je ne fais que passer, traverser le pays sur la pointe des traverses et le seul vrai voyage que je peux faire sans mentir en disant que je découvre quelque chose c'est le voyage que je ferai en moi, en train bien sûr, transsibérien bien sûr mais aussi en moi.

Je vais peut être traverser le pays comme un simple voyageur c'est bien possible et ça ne sera en rien un échec ou une honte, une douche et je repartirai à l'assaut de ces territoires intérieurs qui se dévoilent aux rythmes des voyages, s'ils forment la jeunesses n'est ce pas aussi parce qu'ils conduisent chacun à s'aventurer en soi sous le prétexte de l'ailleurs ? Et si je fais un piètre voyageur et un piètre écrivain il me restera la photographie, sinon il ne me restera plus qu'à repartir

Commentaires :

nicole

Réflexions qui obscurcissent un peu l'âme, un doute, l'appel de l’ailleurs ne serait qu'un prétexte à se trouver ?

Geneviève

bonjour si jai bien compris, Philippe est dans le Transsiberien et en 3eme classe. Mais apparemment ils ont accès a internet quand meme Pas mal leur blog Je n'ai pas réussi a mettre de message , car je ne suis pas degourdie pour sela sans doute,du moins je n'aipas la patience de chercher Lui et ses camarades ont donc ecrit à la manière de Blaise Cendars, qui a fait le même parcours vers 1913("La Prose du Transiberien")C'est la première réaction que j'ai eu a la lecture de leurs récits.Peux tu transmettre ce commentaire de ma part , car tu dois savoir manipuler l'outil. Merci et bonne fin de voyage aux ' cendaristes" Amities Genevieve Danré

Lucie

Приятного путешествия!

Alice

Et bien, mon court voyage au Québec me parait bien plate comparé à votre exode transsibérien! Philippe, le Volcano existe toujours chez Mikes mais je n'ai pas eu le courage de m'y attaquer seule... à ce propos, c'est comment la nourriture russe? C'est toujours un plaisir de suivre vos voyages, Bon rail à tous! Alice