Figure imposée

Gare de Kazan à Moscou 21h00

Une fille dans une robe mauve a demie assise sur un portique de sécurité dévoile élégance de ses jambes à l'indifférence de la gare – trois voyageurs assis sur le sol attentent le transsibérien – pieds nus ; l'autre d'autre ; l'autre écrit – vielle femme tire sa valise qui roule derrière elle – une jeune homme qui court ; cheveux brun et chemisette – une femme à talons aiguilles tourne sur elle même ; regard qui se dérobe ou bien cherche quelqu'un, quelque chose – paire de chaussure pointue, vêtements noirs, un homme attend et consulte son téléphone – rang serré de voyageurs attendant un train assis sur les sièges de la gare – le bruit de fond continu couvre presque le tintement de la virgule musicale cher à nos gares françaises – deux jeunes filles traversent le hall main dans la main et se perde à ma vue – bornes de jeux vidéo qui agglutinent des enfants comme attirés par les couleurs numérique de ces jeux arrachés à un passé proche – une jeune en scoute mini short blanc porte un débardeur qui colle à son corps de jeune fille immaculée de de blanc sous son foulard noué bleu autour de son cou – une robe mauve aux motifs de tapisserie violette mange un sandwich – une serveuse énorme traverse ma vue d'un pas lourd qui haletant qu'elle voudrait certainement plus rapide, elle lâche un cri, une parole, peut être interpelle t elle quelqu'un je pense à un client parti sans payer – depuis les voûtes immenses qui sculptent la hauteur du plafond pendent des lustres imposant qui délivrent une lumière modeste qui peine à donner au vert pastel des murs un autre aspect que celui d'une faste perdu – une fille gilet rouge minaude quand le garçon lui parle – une petite fille voudrait manger la glace de sa mère ou de sa grande soeur – une femme assise sur son sac semble ne rien regarder – une petit garçon joue les homme en tirant la lourde valise de sa mère qui le suit à quelques pas – les longues suspensions qui descendent des hauts plafonds me rappellent ses énormes bougeoirs suspendus dans certains mosquée – jeune fille avec des fleurs au corps tire un diable sans rien dessus – le portique de sécurité des arrivée déverse un flot continu et régulier de personnages mêlant les voyageurs aux passagers du métro et certainement des passants – une femme enceinte traîne des pieds en lisant un message sur son portable – la fille penche la tête et fait la moue et son homme tir la valise – la lumière rasante du soir fait entrer du soleil vrai dans cette univers aux lumières artificielles – mini short de jean et débardeur blanc est immobile au milieu du hall, la jeune fille est plantée là depuis que nous sommes arrivées, elle semble immuable tant elle est immobile ne bougeant que pour effleurer ses cheveux ou consulter je suppose l'heure sur son téléphone, personne d'autre qu'elle ne semble regarder le panneau des arrivées et des départs – il y a très peu de voix dans ce vacarme ambiant, c'est un vacarme presque silencieux si l'on gomme la voix slave aux accents synthétiques que bruissent les hauts parleurs dans toutes la gare – un trait de lumière tombe sur un homme en costume gris et basket – Super Dad a une tête d'ouzbek -

Il n'y a pas de voyage sans s'arrêter dans un gare s'assoire sur son sac et attendre. Avoir l'heure assez éloignée pour attendre sans rien attendre et regarder le monde s'ébranler au rythme des voyages des autres. Assis sur le sol en mendiant de passage observer l'inutile et l'anodin, le sens du détail, se couler dans un entre deux du temps, entre deux trains – même si pour nous c'est entre un avant et un départ – et laisser glisser sur nous le flot d'un ailleurs qui nécessairement se concentre dans un gare, espace de transition, bientôt de transsibérien, le flot de passant passagers et des filles aux présages amoureux d'une beauté aussi froide que fascinante et désuète, s'accrocher aux talons qui claquent sur le sol du hall, saisir la main de cette petite fille qui tient la valise de sa mère.

Ecriture décousue ; une grosse femme en robe léopard porte des socquette blanche d'écolière, quelques mots de russe attrapent mon regard, un groupe d'écolier gonfle une armée d'enfant prête à l'assaut de Moscou, un chariot à trois roues charrié par un homme charrie des marchandises, des familles aux mères énormes gigantesques ogres féminins tiennent par la main des petites filles aux allures rendues minuscule par la proportion familiale, tout est question de capter un regard d'incompréhension réciproque ou un regard de curiosité partagée. La nuit peine à tomber.

Commentaires :

laurence

Bonjour les mousquetaires, Rémy, il te faut dater tes billets sinon bientôt on ne comprendra plus rien de votre voyage ! Maximilien, sur tes localisations, vous êtes dans un train immobile ?"le 7 couchette gare de Kasan et le 8 toujours en gare de Kasan ! Philippe, rien à dire sauf peut-être un petit plan des endroits où vous allez passer quand le transsibérien commencera à avancer que je puisse suivre sur l'atlas. excellente journée à vous.

nicole

est ce que vous croisez des regards qui vous parlent ou des sourires accueillants ?

nicole

J'A-DORE ce que vous faites tous les trois

rémy

on croise souvent des regards qui nous parlent russe ce qui limite de fait l'échange réciproque mais au moins on les regarde en retour ; le regard est une valeur sûr de l'échange internationnal

nicole

mon fils roule dans les steppes russes, moi je suis au fond de la campagne gardoise et on peut échanger nos idées, c'est carrément étrange, cela rétrécit les distances. "un truc de malade"