Troisième Classe

Irkoutsk 09h15 dixième jour de voyage

En terme de chronologie nous venons tout juste de passer le cap de la moitié de notre épopée, de notre voyage, mais pourtant sous le ciel gris et humide de cette matinée russe j'ai la sensation que le voyage arrive déjà à son terme. Certainement parce qu'il ne nous reste plus que trois étapes, seulement trois billet de train, juste trois gares dans les quelles embarquer et que sur les trois étapes qu'il nous reste il n'y en a plus qu'une seule ici en russie ; et le crois que je suis amoureux de cette russie, je ne veux pas la quitter.

Il ne nous reste plus que trois villes à traverser oui mais quelle ville ! Il nous reste à voir Oulan Bator et Pékin, la Chine et la Mongolie ; la certitudes de trouver des perspectives épiques et des possibilités infinis de renouveler le sentiment que le voyage commence ici, chaque gare comme un nouveau continent à conquérir, descendre au pas de charge, traverser la ville, la transpercer d'un regard comme les femmes russes nous transperce du leur et emporter avec nous tous les trésors et les trophées amicaux, artistiques, amoureux, ambitieux et affectifs qu'une telle conquête nous permet de prendre.

Nous sommes seulement à la moitié de notre voyage avec la sensation d'être à la fin peut être aussi parce que chaque jour ici est dense comme dix jours dans l'air sédentaires de nos vies de là bas, d'avant les gares, d'avant le transsibérien et que le temps s'étire, se trouble ou se dilate à en paraître plus long, à en paraître le double, aurions nous déjà vécu un mois de voyage alors que nous ne sommes partie que depuis dix jours ? Je crois que la danse des fuseaux horaire a eu raison de ma capacité à jauger le temps je voyage entre l'heure de Moscou qui sommeil à l'ouest et celle de Pékin qui s'éveille à l'est et là entre deux feux de fuseau horaire j'erre dans la joliesse des espaces russes, des villes et d'un lac et bien sûr entre les rails du transsibérien.