Wagon n°12

Quelques part entre Iekaterinbourg et Krasnoïarsk 22:44 heures locale

Voilà la première journée entièrement passée dans le transsibérien qui prend fin et une chose est sûr c'est que le temps ne nous a pas laissé le loisir de trouver le temps long. C'est notre troisième train depuis Moscou et on commence à devenir plus voyageur que touriste. Pas question d'avoir nos habitude, surtout que les aléas ne le permettent pas mais nous commençons à avoir des repères.

Le wagon n°12 dort, s'endort, silencieux, deux hommes finissent de manger, le wagon est calme, la lumière toujours allumée, la clim trop forte et le paradis se trouve à un sas d'ici dans le wagon n°11 remplit d'une cinquantaine de jeunes russes pareille à des danseuses ou des gymnastes enfin le genre de femme qui trouvent toujours le chemin de vos pensées et à qui on laisse volontiers prendre ses aises, de temps en temps une des ces jeunes femmes traverse notre wagon avec son short minuscule qui lui couvre à peine les fesses et qui nous laisse rêveur ; je suppose qu'avec une cinquantaine de filles dans le même wagon il doit nécessairement avoir une sacrée file d'attente pour les toilettes ce qui expliquerai que quelques belles s'aventure par ici.

On vient de passer plus de 24 heures dans le même train et voilà que l'on fait office de pilier du wagon n°12. Depuis hier et l'embarquement – en retard – à Iekaterinbourg la plus part des voyageurs sont montés et descendus nous laissant seuls dépositaire des souvenirs de ce trajets. J'ai la sensation que cela crée une forme de connivence entre les hôtesses en charge du wagon et non, même si l'on ne parle pas la langue c'est agréable d'avoir la sensation de faire parti de ce décor, de cette histoire ; on reconnaît les trois français.

Ce soir je ne vais pas jouer au cow-boy, ce soir c'est pyjama, drap et couverture à cause la clim.

On a franchi l'Oural, on est passé symboliquement de l'Europe à l'Asie et là nous traversons les steppes sibériennes tous les chevaux au galop, sauf que notre maison file à allure mesurée. On sillonne la Sibérie comme le reste de la Russie c'est à dire sans se presser, le paysages nous laissant le loisir de s'y perdre à l'infini des gares qui se suivent, se succèdent et nous voient parfois débarquer. Ce n'est pas toujours facile de quitter le train, j'ai toujours un peu peur qu'il reparte sans nous mais cette tellement grisant aussi de sortir dieu sait où, acheter à manger, humer l'air qui sent le poisson séché, dérouiller nos corps que le train transite aussi loin qu'il le peu, et puis remonter chargé de victuaille comme des gamins qui rentrent dans leur cabane avec de nouveaux trésors, des trésors que l'on ne tarde jamais à dévorer.

Ce soir dans le wagon n°12 il n'y a pas une fille à observer, pas de scène à voler d'un regard à la dérobée, alors je prends un petit peu de temps pour écrire, tant dormir peu sembler fade même si en même temps sentir tous les vibration du train alors que son corps allongé s'abandonne au sommeil est un plaisir qui pourrait presque rappeler quelques chose de charnelle, maternel ou orgasmique; être bercé ou secoué.

Le train arrivera demain matin pour une demie journée de pause, mais je voudrais déjà ne pas en descendre et fendre encore quelques centaines de kilomètres de steppe, parce qu'ici nous sommes nul par, parce que nous vivons à une heures dont nous ne sommes pas sûr qu'elle existe, je voudrais que le voyage dur toujours à tourner autour du monde. Demain je reprendrais mon sac, et on verra ce que nous réserve Krasnoïarsk et demain je reprendrais le transsibérien et j'irai voir Irkousk comme j'aurai pu voir Vesoul avec juste un peu plus de beauté slave, de train et de cette déflagration que l'on ne voudrait jamais abandonner même pour dormir, même pour une moindre passion.

Il est onze heure et le train s'arrête dans la nuit, nouvel acte qui commence peut être, nouveaux occupant peut être, les nuits ici sont parfois pleines de surprise mais je vous raconterai cela une autre fois.

Commentaires :

nicole

On sent bien à travers les mots de ce voyageur son entrée dans cet autre monde créé par sa nouvelle habitation mobile, nouveau repère où même l'orthographe des mots a perdu ses repères.