Voyage en Chine

Poète pouet

par philippe le 17-08-2010 à 21:01, heure de Shanghaï.

Ning me donne souvent un poème chinois à traduire en anglais pour la séance d'après. Aujourd'hui je voulais partager avec vous les difficultés inhérentes à ce genre d'exercices...

Voici le poème du jour (poème de Wang Wei) :

红豆

红豆生南国,

春来发几枝?

愿君多采撷,

此物最相思。


  • Première étape : mettre une traduction sur chaque mot :

rouge / haricot

rouge / haricot / naitre / sud / pays

printemps / venir / envoyer / quel(le) / branche

désir / souverain / comment / cueillir / cueillir

ici / objet / le plus / examiner / pensée


  • Deuxième étape (à vous de jouer !) : essayer de mettre du sens là dessus, et faire un premier jet grossier en français :

Haricot rouge

Toi, le haricot rouge qui pousse en terre australe,

Par lequel de tes rhizomes le printemps éclora-t-il enfin ?

Mon plus grand désir sera de te cueillir alors,

Car ceci est l'objet de toutes mes pensées.


  • Troisième étape : avec votre pauvre niveau d'anglais et sans dictionnaire sous la main, faire une traduction pas trop minable dans la langue de Shakespeare :

Red bean

Red bean that grows in southern lands,

Which one of your branchs will bring back my spring again ?

My greatest hope is to reach this moment,

Here are gathered my all thoughts.


... Et après tous vos efforts, vous montrez le résultat à Ning. Et elle rigole.

Rhaa c'est dur ! Aller, j'attends vos suggestions !

Commentaires :

Par serpent noir et rouge le 18-08-2010 à 22:42 heure de Shanghaï

Personnellement je pense que je préfère les haïkus, c'est à mon avis tout aussi difficile à traduire mais j'apprécie plus leur brièveté.

Par Maximilien le 19-08-2010 à 11:41 heure de Shanghaï

C'est vrai que les haiku sont plus courts (m'enfin, d'une ligne), mais c'est omettre qu'ils viennent d'une forme fleuve, le renga, qui permettait de faire des poèmes infinis !

Je suis totalement d'accord pour les difficultés de traduction, c'est inhérent à la poésie même. Se lancer dans la transposition d'Un coup de dés n'abolira jamais le Hasard en serbe me paraît tout aussi malaisé.

Les haiku du type de ceux de Bashô ont cependant cet avantage qu'ils cherchent exprimer une sensation.
L'un des plus connus :
古池や
蛙飛込む
水の音

En littéral :
vieil étang
grenouille sauter
bruit d'eau

En adapté :
Dans le vieil étang,
une grenouille saute,
un ploc dans l'eau.

On est loin des difficultés d'interprétation des haricots !

Par Serpent noir et rouge le 19-08-2010 à 16:37 heure de Shanghaï

C'est certain que les haïkus posent aussi des problèmes dus en particulier au fait qu'il faut savoir garder leur caractère bref, poétique, sans surcharges inutiles. Pour le poème de Bashô ça donne dans la traduction de Nicolas Bouvier
Paix du vieil étang
Une grenouille y plonge
Un "ploc" dans l'eau
Même si effectivement l'original ne contient ni "paix", ni "y".
En tout cas vous êtes tout les deux d'accord sur la traduction de "mizu no oto" (bruit de l'eau) par "ploc".