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Sunday 21 October 2007

22:59 (Japon) - 15:59 (France) : Fin de transmission

Dernier message écrit depuis Toulouse, après plusieurs jours de silence radio. Je reprend donc mon récit à l'endroit où il s'était éteint : Hiroshima.
Au matin du 15 octobre, les parents Iseda et moi-même étions sur les hauteurs des montagnes de Kure, admirant les îles avoisinant Hiroshima. Il n'y a pas à dire, ce qu'il faudra faire dans le prochain séjour nippon c'est se farcir ces montagnes à pied. Leurs pentes sont magnifiquement boisées, seules quelques espaces sont colonisés par l'homme. Et la présence de quelques panneaux de randonnée m'ont assurés qu'elles étaient praticables. Après avoir fait la route vers Hiroshima avec Suzana, nous nous sommes tous retrouvés dans le hall d'un énième hôtel luxueux où nous avons quitté à contrecœur nos familles d'accueil. Séparation trop rapide, à l'image de notre séjour chez ces familles. Après le repas, nous sommes partis pour le Musée du mémorial pour la Paix.

Les musée est égal à ce qu'on attend de lui, précis sur les détails, larmoyant sur les fait, et prenant constamment parti pour le désarmement nucléaire globale. Étant déjà globalement informé sur l'histoire d'Hiroshima, je n'ai pas “appris” grand chose, mais c'est tout de même impressionnant de pouvoir toucher les tuiles ayant été brûlées par les ondes de chaleurs ayant suivies l'explosion. Après, le côté « ce tricycle rouillé est celui d'un enfant mort à cause de la bombe, dont les parents ont enterrés le corps directement dans leur jardin etc. », j'y suis bien moins sensible. En réalité l'émotion vient plus concrètement lorsque l'on approche du mémorial et du dôme (on le voit à peine sur la photo), symbole de l'hypocentre, encore debout et aujourd'hui entouré de verdure et de nouveaux bâtiments. Car c'est bien le fait qu'Hiroshima soit aujourd'hui une ville japonaise aussi grouillante que les autres qui impressionne, faisant clairement mentir cette rumeur édictant que « avant 75 ans, rien ne poussera sur le sol d'Hiroshima ».
Vient ensuite le récit du survivant, qui comme tous les japonais cache clairement son âge : on lui donnerait 60 ans, il en a 80. Il nous raconte son histoire, nous explique comment il a échappé à l'explosion, comment il a cherché à retrouver sa sœur, comment elle est morte recueillie par une autre personne puis comment celle-ci a réussi à les contacter, lui et sa mère, pour leur remettre son corps. C'est très émouvant et je reste convaincu de l'importance de ce type de démarche, de l'importance de la transmission d'une telle expérience, mais cela ne m'empêche pas de m'interroger. Au vu de l'immensité de la catastrophe, il nous est bien difficile de nous la représenter mentalement. Même avec les maquettes représentant la ville avant/après l'explosion, nous ne pouvons nous représenter “grandeur nature” les six kilomètres balayés par le souffle atomique. À l'écoute d'une histoire si personnelle, il nous est difficile de comprendre la détresse ressentie par les habitants d'Hiroshima les jours suivant l'explosion. Alors, certain diront que je suis un bourrin insensible. Ce à quoi je répondrai Oui, mais quand même, j'ai l'impression de mieux ressentir et de mieux piger les horreurs de la guerre du pacifique vue depuis l'intérieur du Japon grâce à un film comme Le Tombeau des lucioles. Enfin comme d'habitude ça n'engage que moi : à chacun sa sensibilité et Dieu pour tous (pour ceux qui y croient du moins).

La soirée à Hiroshima me permettra de m'offrir un petit restau sympathique avec Marion afin de partager un peu nos points de vue, et de discuter dans le désordre des prisons, de l'extrême droite suisse, et du sens de la vie en général. Le lendemain nous levons l'ancre pour Kyoto, ancienne capitale du Japon, espace géographique recélant un nombre impressionnant de sanctuaires, de temples, et de touristes venant les visiter.
On prend le Shinkansen, superbe train ne nous laissant qu'une minute pour embarquer mais disposant de suffisamment d'espace pour les jambes de notre ami finlandais, le grand Mikko. Cela permettra également à certaines de faire un petit somme (il s'agit en l'occurrence de Vanessa).
Alors bon. À Kyoto, tout est beau, et tout se fait au pas de course. Une heure en moyenne pour admirer les différents lieux. Au menu, l'ancien palais impérial. Avec ses fresques d'ors représentant des pins et des animaux, avec son plancher conçu pour couiner à chaque pas, afin de signaler la présence d'un intrus, avec son parc impeccablement taillé. Visite également du Ryoanji, avec le superbe jardin de pierre (beaucoup plus fréquenté que les photos ne le laisseraient croire), et le petit parc entourant un petit étang, où nous avons pu apercevoir plonger une tortue. Oui, ça fait assez désuet dit comme ça, mais c'est en réalité très émouvant sur le moment.
Nous avons également admiré le pavillon d'or. À l'instar du Taj-Mahal, on s'attend à se retrouver devant un truc super kitch, avec plein de touristes. Si au niveau du nombre de touristes on n'est pas déçu, le kitch s'efface bien rapidement devant la beauté du bâtiment et de son parc environnant. Après une telle visite, Marion et moi nous sommes offert le plaisir de déguster un thé. À la sortie du parc est disposé un petit “bar“, avec terrasse et salle, où pour 500 ¥ on peut déguster un thé vert après avoir croqué dans un élément sucré à la constitution indéterminée mais néanmoins délicieuse. Nous nous étions placé en intérieur, afin de ne pas être “en vitrine“ sur la terrasse, de pouvoir s'assoir sur des tatami, et de profiter quand même d'un point de vue panoramique sur la foule bigarrée qui défilait devant nos yeux. Une fois de plus dans ce voyage, un instant de pur bonheur.
Nous sommes ensuite partis pour Osaka, afin de passer la nuit dans un établissement à Onsen. C'est dans le bus que j'ai commencé à écrire mes lettres, et je m'excuse donc pour ceux qui en recevront : l'écriture sera encore pire que d'habitude !

Le onsen nous a donc offert la possibilité de se détendre tous ensemble dans des bains chaud, donnant sur l'extérieur, mais sans singe se trempant dedans. Ça aussi, ce sera pour la prochaine fois. La soirée se continuera par un dîner traditionnel en yukata (vêtement ample ayant pour avantage de faire comprendre aux hommes les difficultés qu'ont les femmes pour s'asseoir en tailleur avec une robe) suivi de près par un moins traditionnel karaoké, nous permettant de massacrer Aux champs Élysées et I don't want to miss a thing d'Aerosmith. Qu'est ce que c'était bien ! Le chambre de cet hôtel était dans un style japonais traditionnel, avec tatami, futon, porte coulissante, et rien sur les murs. Très reposant.

Le lendemain nous sommes partis pour Nara (non sans avoir pris un dernier bain dans le onsen) afin de découvrir plusieurs lieux, et notamment le temple Todaiji, abritant la plus grande statue de Bouddha au Japon. C'est autour de ce temple que l'on découvre un parc remplit de daims apprivoisés faisant des courbettes en échange de quelques biscuits. Le temple est très impressionnant. Son architecture en bois est magnifique, sa taille nous laisse sans voix, et le Bouddha en lui-même est à couper le souffle. Un nouveau gros choc en somme. Tellement gros que, finalement, je n'ai pas plus de chose à dire que cela : je suis resté bouche-bée devant, et je le suis toujours.

Et nous y voilà, c'est la fin du voyage. Nous rentrons vers Tokyo via le shinkansen, de plus en plus fatigués, mais toujours aussi content. Nous décidons de tenter l'organisation d'une dernière soirée, avec rendez-vous dans le hall de l'hôtel, puis repas plus ou moins collectif. On finit par se séparer en petit groupe puisqu'il est impossible de faire rentrer 30 personnes dans un même restau. On se retrouve à nouveau à l'hôtel, certains vont se coucher, d'autres repartent. Pour ma part, je me suis laissé entraîné vers Shibuya, puis Shinjuku, puis enfin vers ma chambre d'hôtel où nous avons dignement fêté notre départ à la bière Kirin à bas prix. Le temps de faire la valise, de dormir une heure et demi, et nous voilà au matin.
Grâce à Noémie qui avait amené des chocolats de France, nous pouvons faire un humble cadeau à nos accompagnatrices (nous avons été incapables de trouver des fleurs dans les quartiers sus-nommés), au nom de notre petite équipe francophone (Noémie, Marion, Vanessa, Madeleine et moi-même). On dit au revoir à ceux qui restent quelques jours de plus (ils ont négocié sévère avant de partir !), en deux-deux nous sommes à l'aéroport, on dit au revoir à Yoko-san et Harue-san, nos accompagnatrices, et on se retrouve dans le Boeing 737. Je suis surclassé en Business class, mais j'échange bien vite ma place avec Dejan histoire de me retrouver pour quelques heures encore avec les deux demoiselles du groupe avec qui j'ai le plus développé mes affinités.
12 heures de vol. 3 films. 3 repas. 2 cm de plus de tour de jambe.
Francfort, les adieux recommencent : certains partent de suite, d'autres un peu plus tard. Au compte goutte, notre groupe se vide. J'accompagne nos deux suisses à leur porte d'embarquement, puis Noémie, et je me retrouve avec Julia, Fran et Costas. Une demi-heure de répit afin de discuter, puis de se séparer à nouveau.

Enfin seul dans le petit avion Canadair me ramenant à Toulouse, je tente de remettre de l'ordre dans mes idées. Vaine tentative, tellement la fatigue me travaille. Je m'endors par à-coup, me réveillant pour le sandwich, le verre de coca, puis l'atterrissage. Chose amusante, en parcourant le Monde que l'on ma gracieusement donné dans l'avion, je tombe sur une page sur Christoph Blocher, le facho dont m'avait parlé Marion, ainsi qu'un dessin de Plantu bien senti sur les désordres amoureux de notre président.
Je récupère ma valise, je prend la navette, le métro, j'y retrouve Suzanne que je n'ai pas vu depuis trois mois, puis mon chez moi. Quelques minutes d'ordinateur, histoire de m'assurer que tout fonctionne bien, et au dodo. Douze heures de sommeil d'un coup, ça requinque. Je sort direction les abattoirs, afin de voir les œuvres des anciens étudiants en Création numérique exposées à la médiathèque, je fait quelques courses, et je rentre. Et là, après un vague goûter, je me rendort.
Je pense être maintenant à peu près remis du décalage horaire, mais la prochaine nuit me le confirmera. Je viens d'entreprendre la construction d'un site de partage des photos du voyages, ce qui vous permettra d'en voir bien plus que les quelques unes que je vous propose maintenant. Je donnerai prochainement l'adresse dudit site en page d'accueil.
Bon dimanche, et au prochain voyage.


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